Posté le 25/08/2019
Humeur Soyons lucides
Par Maxime Chevrier
Dans les années 90, Antenne 2 avait lancé l’émission « Bouillon de culture », devenue, au fil du temps, une sorte de grand-messe de la littérature, autour de Bernard Pivot. De cette douceur philosophique, le sport et le ballon rond, bien plus bouillon que culture, soyons lucides, en sont a priori les opposés. Faire philosopher un passionné, c’est un peu proposer de la viande à un vegan ; il y a là comme un sens contraire. La passion, dans le sport notamment, altère bien des jugements. Elle est aussi magnifiquement schizophrène, tant on adore la détester.
Parfois, c’est certes rare, la passion n’empêche pas la raison. Dans le milieu, le pondéré Sébastien Mazzotti doit être de ces garçons à part et l’environnement bisontin, plus bouillon ou bouillant, aurait tant à s’en inspirer. Voilà en effet trois fois que le coach mortuacien perd, à cheval sur deux saisons, face au Besançon Foot, et voilà… trois fois qu’il décline, au micro, une analyse d’une entière lucidité. Point de fausses excuses, pas plus de méthode Coué à deux balles, juste un discours vrai, fait d’un on-n’a-pas-été-bons-ils-ont-été-meilleurs.
Cette posture honnête, le Besançon Foot devra très probablement, à son tour, humblement l’adopter, cette saison. Assez loin des moyens des Racing, Gueugnon, Jura Dolois and co, il n’aura, alors, qu’à se persuader que son salut passera dans l’hyper-solidarité de toutes ses forces vives. Comme Morteau, Besançon les compte, au quotidien, et savoir se le rappeler sera le meilleur remède à un vicieux embourgeoisement. Car soyons lucides, il n’y a que dans l’esprit batailleur que ce groupe et ce staff, soudés en mode famille, ont réussi à créer une histoire, depuis pile un an. On appelle ça la force d’un collectif, que cette victoire bisontine en infériorité numérique, ce samedi, a si bien su rappeler.