Posté le 12/11/2018
Dom-Tom, pourquoi c’est à part
Jadis, les équipes métropolitaines se jetaient sur l’aubaine : être candidat au tirage outre-mer, c’était la promesse d’une semaine de rêve et avoir une chance, sportivement, de passer. C’est moins le cas aujourd’hui, avec un niveau qui s’est élevé. Des entraîneurs qui ont vécu ces moments parlent de l’expérience et livrent leurs conseils.
Ils sont tous d’accord. S’envoler pour les Iles reste « un moment exceptionnel, à l’échelle d’un club amateur ». Derrière ce décor étoilé, se cachent néanmoins quelques nuages. Ils sont a minima menaçants et peuvent même devenir dangereux, « sans une bonne préparation, la semaine qui précède le match ».
Nos témoins ont l’expérience pour eux. Trois sont revenus avec une qualification en poche. Maurice Goldman avait été doublement heureux avec l’ASM Belfort (CFA), qualifiée (in-extremis) à Tahiti, face à l’AS Dragon (0-1), mais aussi en Martinique, l’an dernier, face au Club Colonial (2-3). Sébastien Cuvier, lui, était avec Dieppe, alors leader de CFA 2, était allé s’imposer sans souci (1-4) en Guyane, chez le Geldar Kourou. Thierry Bocquet, également. L’entraîneur, qui a quitté Beauvais (National 2) depuis, avait voyagé, l’an dernier, à la Réunion, pour s’y gagner également sans trembler (0-1), à Saint-Pierre, là même où joueront les Bisontins dimanche, face à l’AJ Petite Ile. Une joie finale que n’avait pas connue un certain Franck Priou, alors coach du FC Mulhouse (CFA en 2016), éliminé, aux tirs au but (1-1, 3-0 aux TAB), par l’AS Saint-Joseph Excelsior.
Goldman : « Un enrichissant humain extraordinaire »
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L’ex-entraîneur belfortain, personnage tellement à part dans le football national, se souviendra, probablement à vie, de son voyage à Tahiti, il y a quatre ans. « Un voyage de dix jours, 30 heures d’avion avec une escale de 10 heures à Los Angeles, où l’on avait visité Malibu. A Tahiti, on était hébergé dans un palace, en plein milieu de Papeete. On était un peu plus loin de tout en Martinique, mais la Fédération fait vraiment bien les choses. On est reçus comme des princes ».
Le coach qui a hissé le club belfortain en National avait, par ce biais, enclenché une incroyable dynamique. « Chaque groupe réagit différemment. Une chose est sûre, on était d’accord avec le président : il était hors de question de ne pas visiter, sur place. On a découvert des choses extraordinaires. Là où on a tendance à se plaindre de tout, les gens, là-bas, sont d’une incroyable gentillesse. Ils ont très peu de moyen, se contentent de ce qu’ils ont et il y a toujours une assiette à partager, pour l’étranger. Ça a été un enrichissement humain extraordinaire ». Dernier, « avec 12 points de retard », Belfort avait fini 8e de CFA, après la Martinique. « Et on monte en National l’année suivante ».
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Comme tous ses compères, et même si la dimension humaine de l’homme lui est propre, « la finalité d’une telle expérience reste la qualification. Il faut quand même faire attention ». Des souvenirs plein la tête, les Belfortains avaient « quand même souffert au retour, quand tu perds 30°C ». « C’est surtout l’après Martinique, qui avait été compliqué. Quand on est revenu de Tahiri, je me souviens : il neige. On joue trois jours après à Vesoul, sur synthétique et on fait un hold-up en gagnant 2-1 ».
Coach Maurice sait, aussi, qu’il avait fallu passer outre quelques obstacles. Dans la semaine, déjà, « où il faut quand même éviter que les joueurs passent leur journée au soleil ou dans l’eau ». Sur le terrain, ensuite. « On avait été surpris. C’était un accueil façon rugby. Très agressif. Ils voulaient nous découper (rires). Mais à côté de ça, sitôt le match fini, on avait passé, ensemble, une troisième mi-temps magnifique, avec un barbecue dehors, à partager le poisson ».
Cuvier : « Tu apprends à connaître les joueurs »
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Bien connu, dans la région, pour avoir fait de belles choses avec Jura Sud, Sébastien Cuvier avait connu, à Dieppe, une saison 2012-2013 mémorable. Une seule défaite de championnat - juste au retour de Guyane d’ailleurs - et un 32e de finale contre le FC Nantes. Un voyage dans les Iles, que le technicien, pas forcément pour à la base, n’a pas oublié. « La Coupe de France permet ça. Côté environnement, paysage, c’est quelque chose d’exceptionnel, d’autant plus avec la prise en charge de la Fédération ».
L’ancien meilleur buteur du National sait aussi les effets positifs qu’un tel déplacement peut procurer. « Pour la cohésion du groupe, surtout s’il vit soit une période compliquée ou reste même, comme ça a été le cas samedi, sur un match amer. Car il y a une prise en charge. Tu apprends aussi à connaître les joueurs, dans un contexte autre que celui des entraînements. Ce qui ne veut pas dire que tu y vas en vacances, car une aventure comme celle-là n’est belle que si tu ramènes la qualification ». Autre avantage, non négligeable : « cela offre au club une visibilité importante à ce niveau ».
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Sébastien Cuvier a aimé, bien sûr, la Guyane. Un peu moins la moiteur du climat. « 36°C, humide. Affreux (rires). Franchement, il faut bien veiller à s’hydrater, en prenant soin d’acheter des packs d’eau, pour éviter l’eau du robinet, à l’hôtel et aux entraînements. Faire également attention à la nourriture, toujours par rapport à l’eau ».
Au-delà de cette « chaleur, vraiment à prendre en compte », l’entraîneur, qui a exporté ses talents du côté de l’Alsace, retient également « le contexte local ». « Il y a tout un environnement et il faut en général s’attendre à un gros début de match, avec une dimension physique qui est importante. Elle l’est d’ailleurs bien plus que le côté tactique ».
Priou : « Tu apprends à connaître les joueurs »
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Certes, Franck Priou était donc revenu de la Réunion avec une élimination, privant les Mulhousiens d’un 32e de finale. « Mais le voyage a été fantastique. La Réunion est vraiment une ile très jolie, je me souviens qu’elle était à l’époque en travaux, avec d’importants investissements d’infrastructures routières. On avait visité des endroits fantastiques, les après-midis, car on avait fait le choix de s’entraîner en matinée, par rapport au climat (lire ensuite…). »
L’entraîneur provençal n’a pas oublié « le très bon accueil sur place ». « Là-bas, les gens sont vraiment contents de vivre ça. C’est un événement pour eux. Tout se passe, en plus, dans une atmosphère bon-enfant ».
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En Réunion, comme en Guyane, même combat : « On a joué sous 40°C, car ils te font jouer en plein après-midi, sous le cagnard. Ce n’est pas la même sensation que lors des entraînements le matin. Du coup, on avait été inexistant en première mi-temps, on suffoquait. C’est simplement quand on a commencé à faire tourner le ballon, à les faire courir, en deuxième mi-temps, qu’on s’était remis dans le match, en égalisant ».
L’ancien goléador avait connu, avec son groupe, quelques soucis avec les différents terrains. « Là, c’est catastrophique. On avait joué sur une pelouse, je vous raconte pas… Un synthétique, c’est du bonheur à côté. Il y a aussi quelques petits trucs, ne pas boire de l’eau du robinet, acheter des packs d’eau… ».
Thierry Bocquet : « Vraiment un super souvenir »
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Très élogieux, l’ex-technicien beauvaisien, quant à son voyage à la Réunion, l’an dernier. « Vraiment un super souvenir. Les gens sont super-sympas. Tous. Nous avions été formidablement accueillis. Que ce soit la Fédération et ensuite le conseiller technique, sur place, avec qui on s’était organisé pour que nos demandes soient satisfaites. En fait, si l’on s’organise bien, un tel voyage va favoriser une grosse cohésion ».
Beauvais, aussi, avait joué à Saint-Pierre, « sur une pelouse qui allait, même s’il y avait un peu de vent, il faut d’ailleurs s’en méfier ». Sur le terrain, le pensionnaire de National 2 avait maîtrisé son sujet. « On avait une équipe qui joue au ballon. Et paradoxalement, même s’il faisait chaud et qu’ils étaient plus habitués à ce contexte, ce sont eux qui se sont fatigués ».
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Côté carte postale, Thierry Bocquet, qui avait également été hébergé du côté de Saint-Gilles-les-Bains, pourrait faire office de guide. « Je conseille les cascades, qui ne sont pas loin. Il faut quand même faire attention, disons aux tentations qui sont très proches de l’hôtel ». D’où l’organisation, dont parlait l’entraîneur, qui avait pris les choses en mains, en responsabilisant son effectif.
C’est d’ailleurs le seul point noir potentiel que l’intéressé revient. « Car franchement, il n’y a eu aucun point négatif dans le séjour. A l’Hôtel (Le Récif), tout était nickel ».
Maxime Chevrier