Posté le 07/10/2018
Un détail qui veut dire beaucoup
Une fois de plus, le derby bisontin entre Racing et Besançon Foot ne se sera joué à rien. Mais le fait que Rafael Calonge donne la victoire aux siens (0-1), en fin de match sur un coup franc sublime, est venu récompenser l’état d’esprit d’un groupe qui commence à prendre aux tripes.
Qu’il nous pardonne, Rafael Calonge. Au moment où Ekwe-Ebele venait de charcuter Adjakly, on s’est dit que, dans un tel match fermé, la patte d’un autre Rafael - Dias, finalement pas qualifié - aurait pu faire toute la différence. C’était ne pas faire confiance en cette qualité de frappe de l’ex-Selongéen, peut-être un poil moins en vue dans l’entrejeu par rapport aux dernières semaines, mais si inspiré sur chaque corner qu’il eut à botter.
Aux 22 mètres, face au mur rouge, il s’était positionné, presque comme un leurre. Le coup franc semblait fait pour le gaucher Machado. Mais Calonge, qui avait déjà donné la victoire aux siens, sur penalty face à Gueugnon, savait déjà que c’était son heure. Frappe du droit, décroisée : la petite merveille finissait dans le petit filet d’un Horiot planté (0-1, 81e). Le jeune portier bisontin, titularisé en lieu et place de la recrue gueugnonnaise Bouchité, avait été plus en réussite, en première mi-temps, en se montrant décisif sur deux centres. Le premier, centre-tir, de Di Pinto, promis à un but play-sation sans cette claquette (11e), le second, d’un El Achak (25e) auteur de son meilleur match de la saison, ce qui n’est sans doute pas un hasard. « On avait à cœur de montrer qu’ils s’étaient trompés de ne pas nous avoir gardés… ».
Unis pour aller loin ensemble
La confession du latéral gauche, qui fait référence à l’arrivée estivale de cinq ex-Racingmen, n’est pas anodine. Ce cœur, le Besançon Foot l’avait peut-être un peu plus, pour un derby qui en appelait à la sphère identitaire. « Sans faire de mal à personne, notre équipe est composée de Bisontins et de joueurs de la région. C’était une volonté du club de ne pas aller trop loin chercher des joueurs. C’est ça le symbole du match » a asséné le président Frascaro. Au-delà du message, il y avait chez lui de la fierté. Sans doute celle de la légitimité, aux yeux de tous. Ce samedi, elle s’est exprimée par ce succès, bien sûr, mais aussi, dans un premier temps, par une faculté de mieux savoir jouer au ballon.
Dans la première demi-heure en effet, les Racingmen, peut-être désarçonnés avec cette configuration surprenante à trois axiaux, s’étaient fait secouer, contraignant les pistons Bidouzo et Pouille à davantage porter les locaux en 5-3-2. « Mais rapidement, le souci a été qu’on allait les presser trop haut et qu’on s’exposait, dans notre dos, à des contres alors qu’on jouait à l’extérieur » a corrigé Hervé Genet. Son équipe venait de frôler la correctionnelle, sur une frappe sèche, pleine barre, d’A. Hakkar, de loin le Racingman (toujours fidèle au poste) le plus dangereux (45e+3) et avait paru, en seconde période, bien plus inhibée.
A ce jeu de dupes, chacun avait paru comprendre que seul le résultat compterait. Pas plus que le Racing, en janvier dernier, le Besançon Foot ne méritait donc pas plus que ça ce succès. Mais il est pour lui une telle récompense. Elle n’est pas un cadeau tombé du ciel : il y a, dans cette équipe, des valeurs qui ne trompent personne. « J’aime vraiment mes joueurs » s’est lâché le coach, sûr de les sentir « capables d’accrocher la première partie de tableau ». Ce groupe y est peut-être prédestiné, comme semblait d’ailleurs écrit à l’avance, son besoin de revanche sur lui-même. « On ne voulait pas le perdre, ce match » a assuré El Achak. On a vu ça. En six rencontres, le Besançon Foot n’a encaissé que deux buts (sur coups de pied arrêtés). Une fois encore, la parfaite présence de Vauthey, en dernier rempart, n’y est pas étrangère. Vauthey, petit gars du cru qui va si bien dans une équipe qui, si elle continue comme ça, va plaire au public de chez nous.
Maxime Chevrier