Posté le 31/12/2017
« Ne négligeons pas
ces étapes »
Avant de reprendre l’entraînement et de se lancer vers une deuxième partie de saison au scénario encore mystérieux, Hervé Genet, l’entraîneur du Besançon Foot, fait le bilan de six mois qui auront été intenses.
Il distille toujours, sans forcément en avoir l’air, des messages qu’il pense importants. Conscient des attentes tout autant qu’il est prudent, au sein d’un projet qu’il a fallu complètement remodeler et repenser cet été, Hervé Genet veut procéder méthodiquement.
Au fil de la discussion, dans l’entretien, son ambition naturelle rejaillit. Le technicien n’élude pas la défaite à Saint-Vit, « qui changerait la façon dont on regarde notre première partie de saison », et semble convaincu que beaucoup de rebondissements s’annoncent, pour cette année 2018…
Hervé, votre équipe possède, à la trêve, le 6e bilan à domicile, le 6e à extérieur, a la 6e défense, est 6e au classement anglais (*) : qu’est-ce qui pourrait vous faire dire que vous n’êtes pas à votre place, à ce 6e rang ?
Rien, on est bien à notre place. De temps en temps, il faut laisser les résultats parler, sans s’autoflageller. Maintenant, ça ne veut pas dire qu’on veut rester là. Mais si on fait un arrêt, une photocopie, à N-1, comme le font souvent les entreprises, on voit simplement que, comparé à la CFA 2 l’an dernier, on a 16 points de plus.
On sent un sentiment plutôt mitigé…
Disons qu’il y a à boire et à manger. Si j’étais instituteur, je dirais « Peut mieux faire ».
Est-ce qu’il y aura bien, d’après vous, la confirmation d’un championnat à deux vitesses, avec un premier groupe à sept ou huit équipes pour les premières places et un second pour le maintien ?
Je ne le crois pas forcément, non. Ce championnat est faussé avec tous les matches en retard. Je pense à une équipe comme Avallon par exemple. Et puis, il y a Gueugnon, le Racing et Pontarlier. C’est difficilement visible. Je rappelle aussi qu’on n’a pas été transcendant contre des équipes qui sont actuellement relégables, si je repense au match de Saint-Apollinaire par exemple. Il faut attendre pour y voir plus clair. Et puis, mon vieil âge, ou mon expérience, me fait dire que la deuxième partie du championnat est toujours complètement différente. Les points sont bien plus durs à prendre
« On voudrait qu’on ne fasse aucune erreur… »
En haut de tableau, on a quand même l’impression que c’est plus dense, sans doute même plus fort que l’an dernier, non ?
Oui. La réforme des championnats a certes fait monter beaucoup de promus, mais d’un autre côté, quand on regarde les équipes qui composent la poule, il n’y a pas de surprises pour moi. Il y a trois centres de formation, Pontarlier, qui joue le haut de tableau depuis plusieurs années, Louhans, le Racing…
Qui va monter ?
L’équipe qui négociera le mieux les confrontations directes.
Mais encore ?
Je suis trop mauvais en pronostics (sic).
Dans ce paquet d’ambitieux, vous ne comptez, hormis Auxerre (2) et avant de recevoir Sochaux (2) le 13 janvier, qu’un seul succès dans ces confrontations. La barrière est-elle trop haute ?
Il ne faut pas oublier que le club est nouveau. On a souvent tendance à l’oublier. Il y a de nouveaux dirigeants, de nouveaux joueurs... On voudrait qu’on ne fasse aucune erreur, mais ça ne marche pas comme ça. On ne peut pas remplacer le savoir-faire, qui s’appuie sur plus de saisons, des Auxerre, Dijon, Sochaux, Gueugnon, Louhans ou le Racing. Tout ça ne se fait pas d’un coup de baguette magique. Je ne suis pas sûr qu’on en demande autant à toutes les équipes du groupe.
C’est donc tabou de viser pour l’instant mieux ?
Non, mais l’important, c’est déjà de bien faire vivre cette fusion. L’idée, c’est « The right man at the right place », comme disent les Anglo-Saxons (NDLR : les bonnes personnes au bon endroit). Une fois aguerri à ça, on pourra faire de nouvelles projections. Ne négligeons pas ces étapes, ce n’était pas anodin de fusionner un club de 600 licenciés, et un autre de 250.
Sur ce pur aspect-là, êtes-vous satisfait ?
Oui, il n’y a qu’à regarder les résultats globaux que nous obtenons. Il faut que tout le monde continue. Joueurs, éducateurs, dirigeants, tout le monde est important dans ce club.
« Trois challenges pour reprendre, mon équipe aime ça »
Pour revenir sur la première partie de saison, on a souvent eu l’impression qu’il manquait un déclic, un peu plus de confiance, de constance ou un peu de tout ça, pour véritablement basculer. Battre Sochaux (2) changerait-il la vision que vous avez de votre deuxième partie de saison ?
Pour mon équipe et moi, c’est un challenge qui se présente. On a finalement la chance d’en avoir trois comme ça (NDLR : Sochaux, Racing et Dijon). On va être tout de suite sous pression, mais mon équipe est comme ça : elle aime ça. Je pense qu’elle ne se réalise que comme ça. Le déclic vous savez, c’est très aléatoire. Il n’y a qu’à regarder comment s’est déroulé ce fameux match à Saint-Vit, qui change pour moi la lecture que l’on fait de notre première partie de saison.
Que faut-il faire de mieux ou qu’attendez-vous de mieux, pour cette deuxième partie de saison ?
Sur le terrain, on aura toujours mieux à faire. Mais je veux voir un peu plus loin. Le but, c’est d’avoir de meilleures conditions de travail, même si la ville fait ce qu’il faut. Pour accueillir tout le monde, ce sera très important d’avoir de meilleures infrastructures. Cela permettra à nos éducateurs de mieux travailler et globalement d’être plus performant.
Le président Samuel Kennel avait parlé, dans le journal, d’ambitions à moyen terme, en évoquant le National 2. C’est important de fixer ce cap ?
Bien sûr, si tu n’as pas d’objectif, tu ne te réalises pas. C’est le carburant de tout projet. Les joueurs sont des joueurs de foot, mais aussi et avant tout, je pense, des compétiteurs. Ceux qui ne le seraient pas dans mon groupe, et je le respecterais à la rigueur, ne resteraient pas plus longtemps.
Avez-vous une vision de ce que pourrait être ce groupe, dans les renforts que vous pourriez lui incorporer, dans les mois à venir ?
Non. On va déjà voir si ce groupe-là est capable d’assoir sa place, voire mieux si affinités. On verra à la fin de la saison. Ce n’est qu’ensuite qu’on pourra bâtir un véritable projet.
Propos recueillis par Maxime Chevrier
(*) Souvent utilisé, à mi-saison, par les techniciens, il permet de donner une vision du classement, en pondérant l’impact des matches en retard et ceux davantage joués à domicile. Le classement britannique, consultable ici, se basant sur une logique comptable où la victoire a l'extérieur a un impact aussi positif que ne l'est, a contrario, un revers à domicile.