Posté le 17/08/2017
« On a besoin de rechercher une identité dans le jeu »
Juste avant de plonger dans la réalité du championnat, samedi (18h) à Pontarlier, Hervé Genet fait le point sur les signaux qu’il a bien pris le temps d’analyser pendant la préparation. Interview ballon, contenu et projet de jeu. Tout ce qui tient au cœur du technicien…
On ne sait pas si cette forme d’apaisement, qu’on avait déjà ressentie le 10 juillet, lors de la reprise de l’entraînement, est une promesse délicieuse. Il n’empêche que Hervé Genet attaque une nouvelle saison bisontine avec un enthousiasme rafraîchissant. Cela ne rend que plus instructive la discussion, entièrement orientée autour du projet de jeu, avec un coach qui sait décidément captiver comme personne.
Hervé, même si cet exercice initial vous est habituel et malgré le sérieux de votre préparation, serait-il raisonnable d’être confiant à deux jours de la reprise du championnat ?
Non, cette année plus particulièrement je dirais. Avant, cela ne changeait pas véritablement, si ce n’est la composition des groupes. Cette année, avec la concentration uniquement en Bourgogne-Franche-Comté, il y a quelque chose de tout nouveau, avec six ou sept nouvelles équipes. Disons que là, c’est plus dur de savoir où l’on se situe physiquement et par rapport à la qualité intrinsèque de notre équipe, même si, physiquement, j’ai vu quelques signaux encourageants la semaine dernière contre Mulhouse et Louhans.
Pourquoi donc, malgré tout, seriez-vous de nature plus optimiste, que lors des deux précédents exercices ?
Parce qu’on n’a pas envie de refaire une saison difficile comme celle que l’on vient de vivre, avec un réveil uniquement à partir du mois de janvier. On sait très bien qu’il est toujours compliqué de rectifier le tir lorsque qu’une saison débute mal. Cette année d’autant plus. Il n’y aura plus cette saison transitoire avec une seule relégation, mais trois, voire quatre avec notre groupe.
« On pourra me traiter d'avoir une équipe défensive… »
En quoi votre équipe est plus forte que celle de l’année dernière ?
Déjà, on a recruté des joueurs du niveau au-dessus ou du même niveau ; c’est-à-dire avec un vécu. Ils ne seront pas surpris et connaissent les exigences qu’il faut avoir. Et puis, en quantité, le groupe est plus important, ce qui accroît la concurrence, contrairement à toute la deuxième partie de saison. Là, les joueurs sont obligés de faire une performance pour garder leur place. Ils le savent.
Les recrues justement ; vous plaisent-elles ?
Oui, pour l’instant, j’en suis assez satisfait. On a essayé, avec nos moyens, de les placer dans les meilleures conditions possibles. A eux maintenant de nous le rendre. C’est aussi dans leur intérêt.
Le côté solide, voire même hermétique, qui a été affiché en préparation, est-ce l’ADN que vous souhaiteriez que votre équipe ait définitivement ?
On s’est aperçu, l’année dernière en préparation, que l’on prenait à chaque fois des buts. Ce n’était pas vraiment bon signe. Le constat est différent aujourd’hui. Là, en plus, avec le prochain renfort de Hamdache, on sera plus costaud. C’était un point sur lequel j’ai insisté auprès des défenseurs, en début de préparation. Je leur ai dit que ça a duré un an, mais que maintenant ça suffisait. C’est simple : dans la constance, le sérieux, la concentration, il faut être au rendez-vous.
Dans l’approche, cela n’a franchement pas montré d’incompatibilité avec la volonté de jouer, de porter haut le ballon. Quid du discours de la méthode ?
Vous savez, on pourra me traiter d’entraîner une équipe défensive, ça ne me gêne pas du tout. C’est aussi noble d’avoir une équipe offensive. Regardez l’Inter Milan, champion d’Europe en 2010, avec dix défenseurs. Mais malgré tout, bien sûr que nous avons ce souci de bien jouer, en tout cas d’essayer, car on ne se prend pour ce que l’on n’est pas. J’insiste à tous les entraînements : il faut savoir donner le meilleur de soi-même pour essayer de bien jouer. Un jour ou l’autre, ça paie. On ne peut pas non plus être niais, l’important est bien sûr de gagner, même quand c’est plus difficile. Mais le plus souvent, ça paie de bien jouer. C’est comme quand tu es au travail : pourquoi bosser mal quand tu peux le faire bien.
« Y’a pas de limites, alors dépassons-les »
Vous avez pourtant très peu marqué. Inquiétant ou juste une question de déclic ?
Oh, c’est une histoire de confiance. Je n’ai pas été attaquant, mais avec l’expérience et l’âge, les attaquants, c’est souvent une question… (il marque un temps d’arrêt…) oui de déclic, de forme, d’instant et puis après, c’est parti. Il faut juste savoir être patient et je crois réellement qu’on aura les opportunités de marquer bien plus de buts que par le passé. Je suis confiant. Patient. Enfin…, jusqu’à un certain point (sic).
On a aussi vu en préparation une approche mordante, avec un pressing sur l’adversaire. Possible avec l’efficacité de votre grosse préparation, mais réalisable sur la durée d’une saison ?
C’est simple et les joueurs que j’ai le savent bien : les saisons où l’on a marché à Besançon, on a toujours essayé de le faire. Les saisons où cela a moins marché, on n’arrivait plus à le faire. Donc oui, on va essayer d’étouffer l’adversaire, pour ne pas lui laisser croire qu’il est bon. En le plaçant dans l’urgence, on lui retire sa confiance, en renforçant en même temps la nôtre. Il se met en difficulté, fait le dribble là où il aurait dû faire la passe et inversement.
Au-delà du résultat, de l’aspect comptable, quel compliment sur votre équipe vous rendrait le plus fier, dans quelque temps ?
C’est que l’on reconnaisse mon équipe à sa façon de jouer, à son identité pure. On a besoin de rechercher cette identité dans le jeu.
Fringant, le Besançon Foot est auréolé d’une autre dimension et suscite une autre attente. Où vous voyez-vous l’amener, à terme ?
Y’a pas de limite. Alors dépassons-les.
Propos recueillis par Maxime Chevrier
Derrière le visage de Hervé Genet, se lit une forme de sérénité qui attire forcément la curiosité. Photo M.C.